Après avoir livré une première fournée de plantes, Alan était reparti pour en chercher d'autres, plus loin. Et il avait fini par perdre la trace de son groupe. Il espérait que l'adolescente - Jean - allait bien.
Mais pour l'heure, il avait d'autres chats à fouetter.
Quand le soleil s'était teinté de rouge, Alan n'avait tout d'abord remarqué aucune différence notable. Si ce n'est qu'il avait commencé à avoir très chaud. Alors, il avait bu un peu d'eau, et soudain, sa vision s'était brouillée. Le Chaudron ? Allait-il échapper à ce monde de malheur ?
Mais quand son regard s'était clarifié, il avait eu un haut-le-coeur. C'était bien pire encore que Sanctum.
Jumanji.
Voilà où Alan pensait se trouver.
Et ce n'était pas son seul problème. Il fixa ses mains, plus petites que quelques instants plus tôt. Alors, saisi d'un doute affreux, il observa son reflet dans l'eau de la petite fontaine où il venait de voir.
A nouveau, Alan Parrish avait douze ans - enfin, treize. Et à nouveau, il était piégé sur les lieux qui hantaient ses cauchemars même à l'âge adulte.
Quand il s'agissait de survie, les gens débattaient souvent pour s'avoir s'il fallait d'abord chercher à se protéger des éléments ou bien à assurer sa sustenance. Alan, lui, avait une toute autre priorité.
La jungle était dangereuse, et il lui fallait une arme.
Heureusement, il tomba sur un bâtiment que son esprit embrouillé par l'éclipse aurait reconnu entre mille : le boutique de ce salopard de "Trader" Slick, bien sûr. Celui-ci était absent, mais Alan décida d'en profiter, et de s'introduire à l'intérieur pour trouver une arme. Il dénicha une barre de fer et un cutter, dont il sortit la lame au maximum avant de scotcher l'ensemble avec du scotch noir épais. Une lance. Voilà qui ferait l'affaire. Le temps de quitter ce qui était en vérité un atelier, il était convaincu d'avoir dérobé une véritable lance de la tribu Jamazon.
Et alors qu'il arpentait la jungle, aux aguets, il se trouva soudain face à une majestueuse crinière d'un roux flamboyant.
His fangs are sharp, he likes your taste. Your party better move post-haste. sembla murmurer une voix indéfinissable à ses oreilles.
Un lion, réalisa-t-il.
Bien sûr, l'instinct lui dictait de tourner les talons et de prendre la fuite. Mais son expérience s'y refusait. Il refusait de se mettre dans la position d'une proie. Sans quitter le fauve du regard, Alan recula lentement d'un pas, puis d'un deuxième.
Deux yeux d'un vert vif se posèrent soudain sur lui, et Alan sut qu'il était repéré. Alors, il se grandit autant que ses treize ans nouvellement retrouvés ne le lui permettaient, brandissant sa lance d'une main, se frappant le torse comme un gorille de l'autre, en poussant un cri menaçant, sauvage, animal.
Il n'avait aucune intention de rompre la distance, mais si le lion faisait ne serait-ce qu'un pas vers lui, il passerait à l'attaque.
Et si le lion prenait la fuite, il le traquerait... Car la dernière fois qu'il en avait laissé partir un, celui-ci l'avait retrouvé dans son sommeil, lui infligeant une morsure dont il portait encore la cicatrice.
Lion hunt. ft. Alean
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