Bonjour à toi, je m'appelle Spencer MacIntyre, mais tu peux aussi m'appeler Trigger Spencer, Outlaw Spence ou juste Spence. J'ai 28 ans. Dans la vie je suis homosexuel et actuellement célibataire. On me dit souvent que je ressemble à Brandon Sklenar, et surtout je suis issu du Far West (inventé).
Pour comprendre l’histoire de Spencer MacIntyre, il faut remonter à quelques années avant sa naissance. Son père, Douglas MacIntyre, est un pur produit de l’idéologie de la Manifest Destiny. Originaire de Caroline du Sud, là où son grand-père avant lui avait immigré depuis l’Ecosse, il décide de prendre la route de l’Ouest Américain bien avant la naissance de ses enfants. Il décide alors de s’installer au Texas, alors sous domination mexicaine, où il rencontre alors sa femme Jolene qui est elle aussi d’ascendance anglo-saxonne, plus précisément galloise et anglaise. Ils s’installent ensemble après leur mariage sur une petite propriété qu’ils transforment en ferme et en mini ranch. Ils n’ont pas beaucoup mais subviennent ainsi à leur besoin et à ceux de leurs deux enfants à naître : d’abord un enfant qui ne survit pas longtemps face aux maladies de l’époque, un petit garçon nommé Douglas Jr d’après son père, puis Scarlett en 1841, et enfin, Spencer en 1843. La petite famille vit bien, sont des parents aimants mais stricts à l’éducation radicalement presbytérienne, ce qui est plutôt classique pour l’époque. Son père est après tout un Anglo-Texan classique, comme on les nomme. Ils ont la valeur du travail et de la religion, alors le petit Spencer met très vite la main à la pâte dès lors qu’il peut marcher.
En bon Anglo-Texan, un colon du Texas américain, Douglas participe activement à la Révolution Texane qui dure jusqu’en 1836, une année durant, avant même de se marier et d’avoir ses enfants. Cela crée en lui un sentiment d’appartenance forte à l’identité texane, qu’il transmet d’ailleurs à ses enfants. Il cultive le sentiment anti-Tejanos chez ses enfants alors même qu’ils sont petits, c’est-à-dire la haine des texans d’origine mexicaine. La vie est d’ailleurs paisible pendant la période de la République du Texas. Et Spencer fête seulement son deuxième anniversaire lorsque les Etats-Unis d’Amérique annexent le Texas au reste du pays, en 1845. Toute sa vie durant, il se sent ainsi d’abord Texan avant même de se dire américain.
La vie est-elle moins paisible au sein des Etats-Unis ? Non, du tout, elle est toujours aussi douce car les MacIntyre sont des wasps, en tout cas pour l’époque. Douglas est un propriétaire terrien, blanc, protestant et vétéran de guerre. Mais ce calme n’était pas fait pour durer… Ainsi, en 1846, la guerre américano-mexicaine éclate, résultat d’un Mexique mécontent de s’être fait spolier d’un si large territoire. La guerre n’est pas très longue mais tragique pour les MacIntyre. En janvier 1848, alors que le conflit était sur le point de finir et que les soldats étaient rentrés chez eux pour la plupart, un raid de déserteurs mexicains brise la vie des enfants MacIntyre. Scarlett est emmenée Dieu seul sait où par les soldats et Spencer est laissé pour mort aux côtés de ses parents, le ventre entaillé et l’esprit marqué d’un traumatisme à vie. Douglas est pendu, Jolene violée devant ses enfants puis égorgée. Heureusement -ou malheureusement, selon le point de vue, Spencer est trouvé par des voisins qui le confient à l’église locale qu’il fréquentait avec ses parents.
On l’y soigne, on l’y nourrit puis on l’envoie à un orphelinat de Houston, alors ville toute récente. Sa vie n’est alors pas des plus glorieuses, bien différente de ce qu’il a vécu jusque-là. Il n’a peut-être que cinq ans, mais il se souvient de beaucoup de chose, et surtout, du bonheur déjà perdu. Toute son enfance dans cet établissement, il tentera de s’enfuir ou se battra avec d’autres enfants ou même des religieuses, envers lesquelles il se montre parfois violent. Cependant, il est travailleur et l’a toujours été. Cela l’aide à accaparer ses pensées pour ne pas revoir la mort de ses parents dans sa tête, le corps de son père se balançant et celui de sa mère, ensanglanté.
Lorsqu’il a douze ans, en 1855, sa tentative de fuite n’en est plus une : il réussit à s’échapper de cet orphelinat sordide. Il vit alors une vie d’errance et survit de justesse plus d’une fois dans l’impitoyable nature américaine du Texas de l’Ouest. Il ne vit pas vraiment, il vivote de petits boulots ici et là. Et à 13 ans, il s’établit enfin chez une famille riche d’origine écossaise comme lui, les Stewarts. Ils l’hébergent dans un cabanon dans la forêt non loin de Sam Houston, en échange de son travail dans leur ranch. Il se pose enfin et continue son apprentissage du métier, chose qu’il avait commencé avec son père. Là, il ne fréquente pas que des gens de sa « race », comme les américains le disent si bien : des esclaves afro-américains mais aussi des hispaniques. Il n’affectionne pas ces derniers, déjà car c’était dans son éducation depuis sa naissance, et encore pire depuis le massacre de sa famille. Il se bagarre souvent avec ses derniers et gagne toujours les faveurs de leur patron car il est… blanc. Cependant, il n’est pas vraiment dérangé par les afro-américains. On lui dit souvent qu’en tant que blanc, il leur est supérieur, mais il fait le même travail qu’eux… Et il a grandi dans la misère, comme eux, sauf qu’il n’a jamais eu de fers aux pieds.
Après des années de services pour cette famille, on lui propose d’encadrer des groupes d’esclaves lorsque vint son dix-septième anniversaire. Il devrait tenir un fouet, mais pas destinés aux bêtes… Plutôt aux hommes. Il n’en était pas spécialement ravi, mais c’était l’ordre naturel des choses… Il accepta alors, bien que peu enthousiaste, et supervisait le travail des esclaves au ranch et à la plantation. Il ne passait pas beaucoup de temps à faire cela cependant, plutôt concentré sur les bêtes et continuant de faire son travail de cowboy depuis son cheval comme s’il n’avait jamais changé de fonction. Il n’avait pas envie de fouetter des hommes ayant deux fois son âge alors qu’il n’était même pas encore majeur. Et sa haine était portée sur un autre groupe de personnes…
C’est également pendant ces années qu’il connait ses premiers émois amoureux, ses premières expériences et d’ailleurs avec un afro-américain d’à peu près son âge…. Un ado, comme lui, qui restera un secret bien gardé. Spencer est homosexuel et se déteste pour cela. C’est contre son éducation chrétienne, c’est contre ses principes et ceux de son pays. Mais il ne peut aller contre ses sentiments, mis à part se refouler le temps de comprendre ce qui lui avait pris.
Les années passent et les tensions aux Etats-Unis et dans les territoires montent sans que les citoyens n’aient forcement leur mot à dire sur la situation. Ainsi, la Guerre de Sécession éclate en 1861, pile pour les dix-huit ans de Spencer. Quel plaisir ! Il est ainsi enrôlé dans l’armée des Etats Confédérés d’Amérique sans qu’on ne lui demande son avis. Il est un bon soldat, portant cet uniforme gris du Sud, le genre qu’on aime avoir dans son armée car il est fort grâce à son travail au ranch, il est courageux à cause de son passé et il est pauvre donc rien à perdre. Il se bat, il survit, il cauchemarde. Les tranchées, le sang et la boue laissent un goût amer dans la bouche de Spencer, qui ressort encore plus froid et détaché de cette expérience, lui qui n’était pas un esclavagiste convaincu. Pour quoi se battait-il ? Pourquoi ? Pour qui, aussi ? Pour des gens comme les Stewart, qui en soit, avait profité de sa détresse et de sa pauvreté ?
Après la guerre, il revient à Sam Houston et décide dans la foulée qu’il ne veut plus vivre au service des autres non plus. Lui aussi a le droit d’être libre, tout comme ces esclaves affranchis contre lesquels il s’est pourtant battu. Il était texan, un vrai de vrai, un homme du Lone Star State. Alors une fois devant le couple Stewart, il leur colle une balle dans la tête à chacun avec son révolver gardé de la guerre. Son arme fétiche. Il leur vole quelques biens, les vend avant que quelqu’un ne s’aperçoive de leur assassinat et part sur son cheval à travers le Texas, plus à l’ouest, où les territoires sont encore quelque peu sauvages. Parfois, il revient à l’est et va en Louisiane, sans jamais oublier d’où il vient. Il ne prononce plus son nom de famille cependant, il s’en détache pour ne rester que Spencer. Pour survivre, il vole du bétail et le revend à des acheteurs tiers pour la moitié de leur valeur. De temps en temps, il pille des diligences aussi, quitte à descendre une ou deux personnes de temps en temps. Sa tête est mise à prix, mais quelle tête ? Pour le moment, on ne connait pas son visage car il se le cache constamment avec un bandana et un chapeau sur la tête. Si, une seule personne connait son visage et son identité : Velam, son meilleur ami rencontré pendant la guerre, qui est son Partner in Crime et pour lequel il nourrit quelques sentiments secrets. Mais Spencer était décidé à ne jamais lui révéler.
Ainsi, en 1871 et alors qu’il a 28 ans, il fait fit de la Reconstruction dans le Sud et se fait sa propre Conquête de l’Ouest.