Chaudron de malheur… Il m'a amenée dans une grande ville étrange, sur laquelle j'enquête depuis quelques jours. Mes découvertes sont troublantes et m’apportent plus de questions que de réponses. Un palais où un banquet intouché commence à pourrir sur une table. Des maisons aux murs ornés de menottes. Et finalement, je découvre un livre pour enfant. Il fait trop sombre dans le bâtiment où je me trouve pour le déchiffrer, et je retourne à l'extérieur, m'éclairant pour le déchiffrer à la lumière de ce qui semble être un soleil couchant rouge sang.
"Après Praimfaya, Bekka Pramheda est descendue du ciel et à apporter à l'humanité la Flamme Sacrée."
Fuck.
Moi qui n'ai jamais quitté Shallow Valley avant d'emprunter le Chaudron, j'en tire la conclusion qui s'impose : je suis de retour sur ma terre natale, et cette ville doit forcément être Polis. La cité de Heda. Celle-là même que mes parents m'ont toujours avertie d'éviter.
Je feuillette rapidement le reste de l'ouvrage, et je réalise qu'il s'adresse aux jeunes natblida rassemblés par les gardiens de la Flamme. Il leur explique ce qu'est la Flamme, et le grand honneur que représente leur sang noir, faisant d'eux les héritiers de Bekka, futurs commandants potentiels, pour peu qu'ils s'engagent dans un combat à mort et en sortent victorieux.
Je ne peux pas m'empêcher de cracher par terre. Fucking Conclave.
En temps normal, quand je ne sais pas quoi faire, je vais voir le contrôleur affecté à ma mission. Mais là, je n’ai personne vers qui me tourner. Comme l’été dernier, en Palestine, lorsque j’étais infiltrée trop profond pour pouvoir établir le moindre contact, me retrouvant ainsi privée de tout moyen de communication lorsque ma couverture a sauté. A nouveau, je dois improviser, et rester en vie.
Et soudain, j'aperçois une fille qui marche dans ma direction. Sa chevelure flamboyante tranche avec son pull vert.
Vert.
Fleimkepa, je réalise en retroussant les dents, comme un fauve prêt à bondir.
Je jette précipitamment l'ouvrage, comme s'il me brûlait soudain les doigts, et je sors mon couteau, celui que m'ont un jour offert mes parents.
Et je me rue sur elle dans un hurlement de rage :
- Meurs, Fleimkepa !
Je ne me laisserai pas jeter dans l'arène.
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Intrigue 07 - L'éclipse de Sanctum
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Intrigue 8 - La Terre Principale
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A son arrivée sur Sanctum, Jean avait donc rencontré Alan Parrish et fait davantage connaissance avec Max Eisenhardt, qu’elle avait aperçu quelques temps plus tôt dans les couloirs de l’institut Xavier, parlant avec Charles. Avec les deux hommes, elle avait ramassé des plantes, afin de fournir des échantillons aux scientifiques qui s’étaient retrouvés, comme eux, transportés sur cette planète par le chaudron. Elle était à présent de retour dans la ville, et put observer le soleil qui se couchait. Au début, elle ne perçut aucun changement. L’éclipse ne l’affectait-elle pas? Ou du moins eut-elle l’occasion pendant un moment de le croire et en resta persuadée par la suite. Elle garda tout du moins assez longtemps sa présence d’esprit pour voir une jeune fille brune, à peine plus âgée qu’elle, se jeter sur elle avec un couteau en prononçant des mots incompréhensibles pour elle. Jean se protégea alors d’une bulle télékinétique et s’efforça de déplacer le couteau par la pensée, pour l’envoyer là où il ne nuirait à personne.
« Qui êtes-vous ? Que vous ai-je fait ? » demanda-t-elle, ne comprenant pas le geste de la brune, qui lui semblait en être un de folie.
Ce fut quelques instants plus tard qu’un peu plus loin, elle aperçut la chaise roulante du professeur Xavier renversée, et lui, un peu plus loin, blessé. C’était une hallucination bien sûr, Charles n’étant pas là, mais c’était ce qu’elle voyait et elle y croyait. Alors, elle se jeta sur lui. A la place où elle croyait voir son père de substitution, il n’y avait rien d’autre que le sol de la ville.
« Professeur, professeur, répondez-moi ! Vous êtes encore conscient ? Que vous est-il arrivé ? » demanda-t-elle à l’hallucination, non sans une inquiétude palpable.
Elle était persuadée qu’il avait été agressé par quelque chose ou quelqu’un, mais que l’éclipse ne l’affectait en rien alors que c’était le cas.
Un palais, des menottes... Rien n'a de sens pour moi jusqu'à ce que je découvre un livre pour enfants. J'ai déjà oublié, prise dans ma folie meurtrière, que j'avais découvert ce livre un peu plus tôt, que j'avais échangé à son sujet avec un grand blond que beaucoup de filles que je connais auraient trouvé très, très canon. Lorsque je déchiffre l'ouvrage à la lumière rougeoyante du soleil couchant, les mots me glacent le sang. Praimafaya. Bekka Pramheda. Flamme Sacrée.
Et voilà, à coup sûr, me voilà à Polis, dans la ville d'Heda. Cette ville que l'on m'a fait jurer d'éviter à tout prix. Ce livre semble être quelque chose que l'on m'aurait confié si les Fleimkepas étaient parvenus à me rafler, dans mon enfance.
Je ne peux pas m'empêcher de cracher par terre. Fucking Conclave.
Je n'ai jamais éprouvé le désir de tuer, et je n'ai jamais pris la mort à la légère. Mais je suis prête à me battre pour ma survie, s'il le faut.
Et j'aperçois une fille avec un pull vert, et une chevelure flamboyante.
Non, pas un pull, je réalise soudain. Une cape. Fleimkepa.
Et alors, couteau brandi, je passe à l'attaque. Je préfère tuer les Fleimkepa que des Natblida parfois tous petits, dans l'arène. Si tous les gardiens de la Flamme crevaient et que ces gosses pouvaient rentrer chez eux, le monde serait meilleur, j'en suis certaine.
- Wamplei don Fleimkepa !Meurs, Fleimkepa
- Yu laik Natblida. Dula yu dula. répond la fille en vert, ou du moins, c'est ce que je comprends. Tu es une Nigbtblood. Fais ton devoir.
- Nou bilaik dula hir. Ni bilaik komahir.Il n'y a pas de devoir, ici. Il n'y a pas d'honneur, ici. je crache en retour. Sadgeda no mou !Plus de conclaves !
Une expression de choc tord les traits de la rousse, et je réalise qu'elle est certainement plus jeune que moi - mais tant pis, si je dois la tuer pour ne pas être contrainte à massacrer des gamins de moins de dix ans dont le seul crime est d'avoir le sang noir, je le ferais sans hésiter.
Alors, la Fleimkepa se jette à genoux sur le sol, dans une attitude où l'angoisse se mêle à une forme de déférence... Et avec un instant de retard, je réalise qu'elle est en train de... prier ? Je ne savais pas que les Fleimkepa priaient littéralement Bekka et les Commandants... Mais je suppose que je ne savais rien sur eux.
- Heda, ai badan yu op. Ste kamp raun ai ! Hofli yu Keryon na shoun ai op.Commander, I answer to you. Restez avec moi. Que votre esprit me guide.
Ai na frag yu en yu heda op.Je vous tuerais, toi et ton Commandant.
Il n'était plus suffisant d'échapper au Conclave. Je réalisais que les Fleimkepa étaient si fanatiques qu'il n'y avait qu'un seul moyen d'avoir la paix pour de bon : en les éliminant jusqu'au dernier, et surtout, en détruisant la flamme.
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Jean s’était donc protégé d’une bulle télékinétique et elle fit de son mieux pour protéger le professeur Xavier – bien qu’il ne fût qu’une illusion -. N’ayant pas réussi à faire dévier le couteau de son assaillante et voyant celle-ci se jeter sur elle, la rousse la repoussa par télékinésie, plus violemment qu’elle ne l’aurait voulu. Elle ne cherchait qu’à se protéger et en faire de même pour son professeur.
L’adolescente ne comprenait pas grand-chose aux paroles de Madi qui évoquait des choses qui de son point de vue, n’avaient aucun sens ainsi mentionnées. Et pourtant… Son aînée avait bien voulu dire des choses, ça ne faisait aucun doute. Néanmoins, la jeune mutante avait réalisé que la jeune femme – pour une raison obscure – semblait vouloir les tuer elle et Charles Xavier. Elle n’avait pas entendu parler – même si c’étaient des mots qu’elle connaissait en anglais – de conclave qui serait en cours ni de commandant présent. Et si la jeune télépathe-télékinésiste restait convaincue d’être parfaitement lucide, il lui semblait bien que ce n’était pas le cas de son agresseur. Si elle voyait juste, il fallait y remédier et lui faire entendre raison ne serait sans doute pas facile. D’un autre côté, manipuler l’esprit de Madi n’était pas sans danger et Jean en était tout à fait consciente malgré ses hallucinations.
« Je ne vois ni commandant ni conclave et ne comprend pas de quoi vous parlez… J’ai l’impression… que vous êtes victime d’une hallucination » dit-elle à la jeune femme.
Si elle avait raison sur ce point, elle n’avait pas pour autant conscience qu’il en allait de même pour elle. Elle était toujours aussi convaincue d’être d’une lucidité à toute épreuve. Et elle n’avait pas non plus fait le lien avec l’éclipse.
Puis, reportant son attention sur le professeur, elle vit que son était semblait empirer d’instant en instant.
« Non ! Professeur ! je vous en prie, accrochez-vous ! On a encore besoin de vous ! Maisie, Yeong-Ja, les autres élèves de l’institut et moi ! Tenez bon ! Je vais trouver un moyen de vous soigner »
En proie au désespoir et à une peur profonde -en plus de sa vision – elle perdit un peu plus le contrôle de ses pouvoirs. Et les objets qui se trouvaient là et n’étaient pas trop lourds pour elle se mirent à virevolter furieusement en tous sens, de manière aléatoire et imprévisible.
Jean croyait être en train de perdre celui qui était un père de substitution pour elle. Des larmes coulaient donc sur ses joues, aussi incontrôlables que ses pouvoirs. Elle ignorait encore que quand elle serait de retour à l’Institut, Charles Xavier en serait absent.
Mon esprit déjà hautement perturbé par ma période d’infiltration auprès du Joker à Gotham City, pour ma mission en cours, et plus encore par la toxine de l’éclipse, a m’a convaincue que l’adolescente est une Fleimkepa. Et juste comme ça, je suis entrée en mode survie. Elle doit avoir deux ans de moins que moi, mais je préfère la tuer que d’être forcée à affronter des enfants lors du Conclave.
Il n’y a pas de devoir ici, pas d’honneur. Et je refuse de laisser un nouveau conclave prendre place.
Elle tombe à genoux et, à ma grande surprise, elle s’adresse à Heda. Un simple coup d’oeil m’apprend que celle-ci n’est pas ici. Non, la Fleimkepa semble être en train de… prier ? Ils font ça ? Et bien, je les tuerai, elle et son Commandant.
J’ignore que mon sang de Natblida, capable d’évacuer les radiations de mon organisme, est en train de faire de même avec la toxine. Reste à voir si mon regain de lucidité ne sera qu’un sursis, ou s’il se maintiendra dans le temps.
“Je ne vois ni Commandant ni Conclave et ne comprends pas de quoi vous parlez. J’ai l’impression… que vous êtes victimes d’une hallucination.”
Elle me regarde, et j’ai l’impression que je la vois pour la première fois. Soudain, je ne vois plus une cape de Fleimkepa, mais un simple sweat vert. Un regard suppliant, et non autoritaire. Une hallucination ? Mais bien sûr, l’éclipse !
- Vous… vous n’êtes pas une Fleimkepa. Je reprends en anglais, déstabilisée. Vous n’êtes pas là pour le Conclave ?
Elle est toujours à genoux, et je réalise soudain que son attention n’est pas vers le ciel, mais vers un endroit au sol où je ne vois rien.
“Non ! Professeur ! Je vous en prie, accrochez-vous ! On a encore besoin de vous ! Maisie, Yeong-Ja, les autres élèves de l’institut et moi ! Tenez bon ! Je vais trouver un moyen de vous soigner !”
Je franchis la distance qui nous sépare en évitant habilement les obstacles qui virevoltent autour d’elle, et je m’agenouille à ses côtés, une main sur son épaule. - Il n’y a personne. Il n’est pas réel. Nous souffrons toutes les deux d’hallucinations. Je crois que c’est la faute de l’éclipse.
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Si Jean n’était pas du tout consciente qu’en réalité, Charles Xavier n’était pas sur Sanctum avec elle, que son corps blessé et mourant n’était qu’une hallucination, elle avait tout de même réalisé que l’éclipse pouvait avoir cet effet. Car elle venait d’exprimer auprès de son interlocutrice son soupçon de ce que Madi était en train d’halluciner autour de concepts qui étaient totalement étrangers à la mutante – du moins, dans le sens que leur donnait leur interlocutrice -.
« Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais je peux vous confirmer que je ne suis pas une Fleimkepa et que je ne suis pas là pour ce que vous appelez le Conclave. C’est un chaudron et le liquide qui s’y trouvait qui m’ont amenée ici. Il a apparemment la faculté de transporter les gens en d’autres lieux, époques, que celles où ils vivent » lui répondit-elle.
Elle n’avait pas conscience que le chaudron emmenait aussi ceux qui buvaient la potion dans des univers fictifs. Après cette explication qu’elle avait donné à son interlocutrice, elle avait réaccordé son attention au professeur X-hallucination et avait commencé à faire des pieds et des mains pour le maintenir en vie tout en se désespérant de le voir ainsi décliner.
Lorsqu’elle sentit une main se poser sur son épaule, elle sursauta. Et les objets qui voltigeaient en tous sens continuèrent de plus belle leur danse. Elle commença cependant par s’adresser à l’hallucination-Charles Xavier :
« Vous… Vous n’êtes pas en train d’occulter votre présence, n’est-ce pas, professeur ? »
Evidemment, l’hallucination ne lui répondit pas, mais le bon sens devait la forcer à admettre qu’il ne devait pas avoir la force pour un tel tour de passe-passe, même si elle savait qu’en temps normal, cela faisait partie de ses capacités psychiques. Puis, s’adressant à Madi, elle demanda :
« Vous… Vous ne voyez pas un homme d’âge moyen, brun, aux cheveux longs, blessé, allongé là ? »
Elle lui indiqua l’endroit où elle voyait son professeur.
Si ce n’était qu’une hallucination… Ca voulait dire qu’il était bien en vie et sûrement en sécurité à l’école. Etait-il en train de la chercher ? Avait-il remarqué son absence ?
« Si quelque chose ici nous fait halluciner, oui, le plus probable est que ça soit lié à l’éclipse… Puisque c’est là que ça a commencé » acquiesça-t-elle, avec la sagesse dont elle était capable de faire preuve.
Pour autant, comme elle était toujours sous l’emprise des émotions qui lui avaient fait perdre le contrôle de ses pouvoirs, elle peinait à mettre fin à la valse des objets. Elle savait que pour cela, elle devait retrouver son calme.
« J’espère… que je ne vous ai pas blessée… A cause de ça ? » vérifia-t-elle néanmoins.
Car bien loin d’elle l’idée de faire volontairement du mal à son prochain sans raison. Et son interlocutrice ne semblait pas mériter de subir ses attaques.
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