Chapitre I
The Chosen One.32 BBY – Conflit galactique entre la Fédération du Commerce et la République (Naboo en particulier).
Tu n’as que neuf ans quand les deux chevaliers célestes descendent sur ta planète aux airs de désert en compagnie d’un ange que tu crois originaire de la lune de Iego. Tu as tout fait pour eux afin qu’ils puissent avoir la pièce nécessaire pour réparer leur vaisseau. Tu t’es même proposé pour participer à la course de pods alors que tu es haut comme trois pommes. Dangereux est le défi et pourtant c’est bien toi, le petit Anakin, esclave de Watto, qui remporte le premier prix. Tu es fier, ta mère aussi et en plus d’avoir honoré ta promesse, tu repars avec les Jedi qui, sans que tu ne le saches, ont mis dans la balance ton affranchissement en cas de victoire. Pourquoi toi ? Maître Qui-Gon Jinn a dit que tu étais l’Élu de la prophétie à cause du haut taux de midichlorien qui coulent dans tes veines. Il n’avait jamais rien vu de tel ; on te promet un avenir florissant auprès des Jedi. Tu quittes ta mère, ça te déchire. Elle aussi. Tu ne veux pas au départ, mais tu sais que ton avenir est ailleurs et tu ne veux pas y échapper. Tu lui dis adieu. Tu penses ne jamais la revoir. L’ange qui s’appelle en réalité Padmé te console à bord du vaisseau. Tu te sens en sécurité avec elle. Elle devient ton repère, un point d’ancrage pour le petit garçon que tu es. Tu lui fabriques un collier pour qu’elle ne t’oublie pas parce que toi tu seras très loin de l’oublier.
Coruscant, la planète-ville ultra urbanisée. Tu n’as jamais rien vu de tel et tu es fasciné. Un nouveau monde s’offre à toi ! Les Jedi t’emmènent au Conseil. Le petit bonhomme vert dont tu n’as pas retenu le nom dit à ceux qui t’ont arraché à ta planète que tu es trop vieux pour recevoir la formation des Padawans. Qui-Gon insiste — tu es l’Élu, celui qui rétablira l’équilibre dans la galaxie. Ses mots, tu ne les comprends pas, mais vu la verve avec laquelle le Maître les prononce, tu ne peux qu’être fier. Toi esclave, tu te promets que tu deviendras aussi puissant que tous les Jedi présents dans la salle. Tu y arriveras. Tu en es sûr. Un moment que tu n’écoutes plus les pourparlers sur ton cas, mais tu entends que tu ne seras accepté qu’après la résolution de la crise entre les Séparatistes et Naboo où la Fédération du Commerce a imposé un embargo pour faire plier la planète. Padmé, reine de cette patrie, est bien la seule à pouvoir mettre un terme à ce conflit. Le groupe t’emmène. On te dit de rester à ta place, mais toi Brave Anakin, tu veux aider. Parce que tu as cela dans le sang : tu ne sais pas te taire, tu ne sais pas être inactif. Tu veux être le héros de l’histoire même si tu restes qu’un gamin. Tu t’es caché dans un vaisseau sous l’ordre de Qui-Gon. Tu veux être acteur de ce conflit. Tu veux protéger la belle Padmé. C’est ton devoir de futur Jedi. Tu allumes le vaisseau pour juste utiliser les canons, mais ta maladresse t’envoie en orbite. Tu as peur, mais tu es aussi excité comme une puce. Enfin tu as atteint ton rêve ! Sauf que tu t’es aussi jeté dans la gueule du loup — le conflit fait rage autant dans le ciel que sur terre. La chance te poursuit et personne n’arrive à t’atteindre.
Vole Anakin, vole. Tu es fait pour ça. Tu arrives jusqu’à la flotte des Séparatistes et la Fortune te récompense une nouvelle fois en te permettant de détruire leur flotte — toi, Anakin, neuf ans, esclave de Tatooine. Quelle fierté tu as de savoir que c’est toi l’Élu et pas un autre. Le conflit résolu grâce à ton courage, l’Ordre Jedi accepte que tu deviennes officiellement un Padawan.
Chapitre II
From the Clone War with love.22 BBY — Début de la Guerre des Clones entre les Séparatistes et la République.
Tu as bien grandi Anakin. Tu n’as que dix-neuf ans et on te dépeint déjà comme le padawan le plus prometteur de l’Ordre Jedi. Tu le sais, tu le sens que ce n’est pas un mensonge. Tu le vois dans le regard de ton maître, Obi-Wan, qu’il est fier de toi bien que tu sois un jeune effronté qui n’en fait qu’à sa tête. Plusieurs fois il t’a remis à ta place, parce qu’un Jedi ne doit pas se comporter de la sorte. Tu l’écoutes, tu acquiesces, mais en bonne tête brulée que tu es, ton naturel finit toujours par revenir au galop. Vous enchainez les missions, et la prochaine qui t’attend va te retourner le cœur. Dix ans que tu ne l’as pas vu et pourtant la foudre te frappe de plein fouet quand ton regard croise celui de Padmé. Elle te fait comprendre que tu ne resteras que le gamin qu’elle a rencontré sur Tatooine dans son cœur. Toi, dans ton arrogance et la folie de ton amour qui te transportent dans l’irraisonnable, tu te promets de la faire changer d’avis. Elle deviendra ta femme, tu en es certain, peu importe le nombre de fois où elle te repoussera. Tu ne penses qu’à elle, tu ne vois qu’elle, elle t’obsède. Tu n’as que son nom au bout des lèvres. Tu es fou amoureux d’elle. Ça te fait mal, ça te rend dingue, surtout lors de cette mission où tu dois la protéger après avoir déjoué un attentat fomenté contre elle. Pour sa sécurité, vous vous cachez sur Naboo. Le lieu est propice aux rapprochements. La lutte est si dure entre vous. Tu le sens, tu le sais qu’elle aussi est piquée. Maladroitement tu viens vers elle, tu essaies de la charmer sans vraiment savoir comment t’y prendre. C’est la première et la seule qui te met dans un tel état, puis tu prends ton courage à deux mains et tu décides de l’embrasser. Palpitations dans ton cœur torpillé par l’amour que tu ressens, il explose en une supernova d’émotions fortes, magnifique qui vient t’ensorceler avec ses charmes. Tu plonges dans la plénitude et l’amour passionné à grande enjambée alors qu’on t’a dit qu’il était interdit aux Jedi d’aimer, du moins, de s’attacher à une autre âme aussi follement que tu t’étais accroché à Padmé. Elle ne te repousse pas tout de suite, sentiment partagé. Pourtant, elle te pique en décrétant que ce geste n’était qu’une folie. Un soir, tu lui ouvres ton cœur. Tu lui racontes à quel point ce baiser a profondément marqué ta chaire, au point de s’être transformé en une plaie béante. Tu refuses qu’elle se transforme en une cicatrice qui te torturera chaque jour de ton existence, mais la Sénatrice, inflexible, te repousse dans ton coin du ring. Elle ne veut rien de toi. Elle se montre dure pour que tu ne te faufiles pas dans ses brèches qui sont aussi béantes que les tiennes. Il faut que tu l’oublies. Il faut que tu te ressaisisses.
Le malheur continuera de te frapper quand tu verras ta mère, dans un rêve prophétique, en train de mourir. Alors que tu dois rester sur Naboo pour surveiller Padmé, tu la convaincs de te suivre jusqu’à ton ancienne planète pour donner une chance à ta génitrice de survivre. Vous arrivez trop tard. Enlevée et torturée par les Tusken, elle meurt dans tes bras en te disant qu’elle t’aime. Et toi tu laisses exploser ta rage, ta colère. Tu la laisses t’envahir et prendre possession de toi.
Attention, Anakin… Attention… Le temps d’un bref instant, tu succombes au péché si facile d’accès du côté obscur — tu massacres sans pitié toute la peuplade. Ils doivent répondre de leur crime.
Le sang appelle le sang. Jamais ils n’auraient dû lever le petit doigt sur Shmi, si précieuse à tes yeux. Tu déchaines ta fureur, te prenant pour un dieu le temps d’un instant. Aux côtés de Padmé, tu lui dis que tu t’en veux, mais ta colère a été plus forte. Elle te rassure, encore une fois, en t’expliquant que ta réaction était humaine. Toi tu ne peux pas t’empêcher de penser que c’est la faute de ton maître : s’il ne freinait pas tes ardeurs et tes ambitions, tu sais que tu aurais été assez fort pour sauver ta mère.
Pas le temps de t’apitoyer sur ton sors, c’est d’ailleurs lui qui t’envoie un message. Le bougre s’est fait capturer par les séparatistes sur Geonosis. Tu es censé relayer le message à l’Ordre Jedi sur Coruscant et rester sur Naboo, mais Padmé et toi vous vous mettez en tête d’aller le sauver tout en prévenant les Jedi. La Sénatrice et toi n’êtes pas d’une grande aide quand vous arrivez : vous êtes faits prisonniers et condamnés à mort dans la foulée. Au bord du Styx, Padmé en profite pour te dire qu’elle t’aime. Il n’y a pas plus heureux que toi à cet instant. Vous vous embrassez. C’est sûrement la dernière fois, mais la meilleure à tes yeux. Vous retrouvez Obi-Wan dans l’arène. Vous arrivez à vous défendre face aux trois bêtes qui sont supposées vous mettre à mort. Nés sous une bonne étoile, vous allez être définitivement sauvés : les Jedi finissent par arriver à ce moment-là. Ils sont là pour récupérer le trio, mais aussi pour défaire le nid séparatiste qu’est Geonosis. Tu te bas durement contre l’armée de droïdes envoyée par le gouverneur de la planète. Tu remarques à quel point tu es devenu adroit avec ce sabre qui est censé te suivre toute ta vie. Tu es fier, l’arrogance et l’excès de confiance montent en toi au point de te laisser pousser des ailes. Tu en payeras le prix fort quand tu tenteras d’arrêter le Comte Dooku alors qu’il s’apprête à s’enfuir en voyant la défaite séparatiste, car c’est sans scrupule qu’il te débarrassera de ton avant-bras droit. Heureusement que Yoda est arrivé pour vous sauver, Obi-Wan et toi, bien que le Comte réussisse à s’enfuir. Ce conflit et cette victoire de la République marqueront le début de la Guerre des Clones, mais toi tu t’en fiches. Tu dois ramener Padmé sur sa planète et tu profites de l’occasion pour sceller votre union en te mariant avec elle. Vous n’avez pas pu résister. Vous ne savez pas être l’un sans l’autre. Vous vous attirez irrémédiablement, comme deux aimants. Deux âmes sœurs. Rien ni personne ne pourra vous séparer. Cachés, rien ne vous empêche de continuer d’attiser ce feu ardent qui brule en vous, avec passion. Tu l’aimes, tu en es fou amoureux, et ce, jusqu’à la fin des temps.
Chapitre III
Downfall.19 BBY — Fin de la Guerre des Clones, avènement de l’Empire et naissance de Dark Vador.
Tu es jeune, vingt-deux ans à peine et te voilà enfin Chevalier. Tes exploits et tes victoires se font allègrement remarquer au sein de l’Ordre. Ton arrogance et ta prétention ne font qu’augmenter de jour en jour et Obi-Wan a plus de mal à te canaliser. Tu t’en fiches. Tu es l’Élu. Tu te crois donc tout permis dans l’insouciance de ta jeunesse. Mais attention Anakin, car plus d’un n’hésitera pas à se glisser dans tes failles pour te faire basculer. Il y a juste besoin de te titiller ici ou là et la chose serait aisée. C’est ce que le chancelier a fait avec toi quand tu es allé le sauver en compagnie de ton maître alors qu’il était tenu captif des griffes du Général Grievious, terrible robot surpuissant. Kenobi dans les vapes à cause de son duel avec le Comte Dooku, Palpatine profite de votre tête-à-tête pour te chatouiller. Toi tu hésites à lui couper la tête tandis que le chancelier te rappelle ce que ton adversaire a fait à ton bras. Il n’y a pas grand-chose à faire pour raviver ta colère et souffler sur ce brasier endormi par les dogmes Jedi. Et toi, naïf, n’écoutant que tes pulsions, tu abats ton couperet sur le Sith qui se trouve entre tes lames. Si au départ tu as de maigres regrets, ce meurtre devint un futile détail dans ta vie quand tu revins sur Coruscant sain et sauf avec le chancelier. Tu l’oublies même quand tu retrouves Padmé et qu’elle t’annonce qu’elle porte en elle le fruit de votre amour. Tu vas être père. Tu te vois déjà avec ton bambin sur tes genoux, en train de lui courir après dans les étendues verdoyantes de Naboo. Tu sais que ce rôle t’épanouira, encore plus que celui de Jedi. Tu chasses les craintes de ta bien-aimée quand elle émet des doutes quant à l’avenir de votre couple secret. Tout ira bien. Vous trouverez une solution. Comme toujours.
Tu le sais, les moments de bonheur durent rarement longtemps avec toi, surtout dans ce contexte particulier. Manigances et complots sont monnaie courante en temps de guerre et tu n’échappes pas à cette règle. À cause du combat qui a opposé Qui-Gon Jinn, Dark Maul et Obi-Wan quand tu n’étais encore qu’un enfant, les Jedi recherchent depuis tout ce temps le Sith qui dirige tout cela dans l’ombre. En parallèle, l’Ordre se méfie du chancelier et de son influence qui s’étend dangereusement. Leurs doutes sont exacerbés quand tu leur apprends que Palpatine souhaite faire de toi son représentant au sein de l’Ordre. Ils t’envoient sur les roses et en plus de cela ils te refusent le rang de Maître alors que tu sièges au Conseil et qu’ils n’hésitent pas à t’envoyer sur des missions périlleuses. En plus de cela, tu dois espionner Palpatine pour leur compte comme ils le soupçonnent de glisser doucement vers un régime autoritaire. Tu es écœuré même si Obi-Wan te dit que tu devrais être honoré. Tu te sens trahi par les tiens après tout ce que tu as risqué et fait pour eux. Tu as la haine. Tu la sens. Elle est là. Dangereusement et sans crier gare, la colère monte en toi. Pas assez encore pour te posséder. Pas assez encore pour te faire basculer du mauvais côté, mais elle est là. Tu serres les dents sans rien dire, malgré la fureur qui te décime. En plus de cela, tu es torturé par des cauchemars qui viennent hanter chacune de tes nuits. Cruels, ils mettent en scène la mort de ton âme sœur alors en train de donner la vie. Tu l’entends t’appeler, mais tu ne peux rien faire. Tu es là, spectateur impuissant. À la colère se mêlait la peur, la terreur de vivre sans elle.
« Ce ne sont que des cauchemars. » te murmure-t-elle dans de vaines tentatives de te rassurer. Tu la crois, tu sais qu’elle a toujours été bien plus posée et raisonnée que toi. Alors tu tentes de laisser tes démons de côté, mais au fin fond de ton être, tu sais qu’ils sont toujours là en train de te tourmenter.
Il y en a un autre aussi qui a senti tes angoisses.
Anakin… Fais attention, on t’a prévenu… Il a un plan pour toi. Il veut t’attirer dans ses filets coute que coute et il va remuer ciel et terre pour te faire tomber. Tu n’es qu’un petit pantin pour lui et fais attention parce qu’il va te faire croire le contraire. Il tire les bonnes ficelles. Il intensifie ta haine pour les Jedi, te montrant à quel point ils te déconsidèrent. Toi tu te sens enfin écouté, considéré, et tu tombes tout droit dans son piège. Tu tentes de cacher tes cauchemars ainsi que leurs origines et leurs contenus, mais on t’avait dit qu’il allait exploiter toutes tes failles.
« Est-ce que tu connais l’histoire tragique de Dark Plagueis le Sage ? Ce n’est pas le genre d’histoires que racontent les Jedi. » C’est avec ça qu’il t’a appâté. Si facile. Trop facile. Il t’apprend qu’un pouvoir sith permet de redonner la vie. Tu vois en cette grâce l’unique solution pour sauver ta femme, ton enfant, ta famille. Tu te plonges corps et âme dans cette issue. Tu veux apprendre ce pouvoir interdit. Mais ce que tu ignores, c’est que tu vas y laisser ta peau, Skywalker.
Il est trop tard pour toi quand les Jedi découvrent le vrai visage de Palpatine. Il est le Sith qu’ils recherchaient et qui se cache derrière le terrible nom Darth Sidious. Ils tentent de l’abattre. Seul Mace Windou, le Maître qui a tant d’aversion pour toi, survit à la contre-attaque du Seigneur Sith. Toi qui as senti le danger à travers la Force, tu arrives, tu doutes. Windu te dit que c’est Palpatine l’ennemi. Lui affirme que ce sont les Jedi qui tentent un push contre lui. Toi tu juges l’inconduite du Maître et tu écoutes le Chancelier. Tu coupes un bras à Mace tandis que Sidious le terrasse de ses éclairs. Tu regrettes, tu te demandes ce qu’il t’arrive, mais pas le temps de te plaindre, celui qui s’autoproclamera bientôt empereur te fait adopter le nom de Dark Vador et tu deviens officieusement son élève. Le Côté Obscur t’accueille à bras ouvert.
« Exécutez l’ordre 66. » Après un discours au Sénat Galactique, le nouvel Empereur déclare les Jedi ennemis de la nation. Les Clones deviennent les bras armés du Seigneur Sith et disséminent tous les Jedi dans les parages. Toi aussi tu participes à ce massacre pour prouver ta loyauté, parce qu’il t’a dit que c’était le seul moyen d’acquérir la puissance nécessaire au pouvoir que tu souhaites maîtriser. Tu tues pour la sauver. Plusieurs vies contre la sienne. Et dans ta fureur, tu n’épargnes même pas les Padawan du Temple, car sinon ils seraient un obstacle à l’obtention de ton pouvoir. Tu laisses tes mauvais sentiments t’envahir. Tu n’es plus qu’une boule de colère et de peur. Tu flanches, tu dépéris. Peu à peu, Anakin s’efface pour laisser place au monstre dangereux et violent que tu deviendras pour le reste de ta vie. Dans ton sillage, tu sonnes aussi le glas de la Guerre des Clones en massacrant les dirigeants séparatistes réfugiés sur la volcanique Mustafar. Toi tu crois encore naïvement que tu fais tout cela pour sauver Padmé alors que Sidious t’a enfermé dans son piège. En parallèle de tout cela, la Sénatrice a eu vent de tous tes méfaits tout droit sortis de la bouche d’Obi-Wan. Elle n’en croit pas un mot. Ce n’est pas toi que l’homme décrit. Il devine également ta paternité. Il sait que Padmé lui cache des choses pour te protéger. Alors il n’a pas hésité à s’infiltrer dans son vaisseau quand elle partit te voir sur Mustafar. Elle veut savoir si ce qu’il affirme est vrai. Elle ne peut pas croire que toi, l’homme qui est devenu son univers, tu es capable de commettre de telles atrocités.
« Anakin, tu me brises le cœur. » Elle n’en revient pas de ce que tu lui racontes, du discours autoritaire et dictatorial que tu craches. Tu te rends compte que tu as soif de pouvoir et tu n’en as même pas honte. C’est ta rage, ta colère et ton hubris qui t’ont donné ce genre d’envies que les Jedi répugnent. Tu n’en es plus un d’ailleurs, c’est terminé. Dès l’instant où tu utilises la Force pour étrangler ta femme, tu n’es plus qu’un monstre, une bête irraisonnée. Tout ça pour quoi ? Parce que tu as eu la stupidité de croire que ta plus fidèle alliée pouvait te baiser la gueule en amenant jusqu’ici ton Maître Jedi détesté. Si tu avais sondé la Force, tu saurais qu’il s’était octroyé le droit de s’inviter dans son vaisseau et qu’elle n’en avait jamais rien su. Dans un bref moment de lucidité, tu la lâches et ton combat contre ton ancien maître commence.
Les sabres se croisent. Les coups pleuvent. La Force s’interpose parfois. Le combat est violent, dantesque. Tu veux l’abattre. Tu veux le réduire en miettes. Tu es fort. Tu le sais. Tu as les capacités de le massacrer. Sauf qu’Obi-Wan est bien plus mesuré que toi. On sait pourquoi il le mérite son rôle de Maître. Parce que contrairement à toi il ne cherche pas à te défaire. Il veut juste te ramener à la raison, te rappeler à quel point tu es comme son frère. C’est d’ailleurs ça qui anime ta haine. Parce qu’il te rappelle le petit garçon docile à la solde des Jedi que tu étais alors que Sidious a fait de toi un homme aux grands pouvoirs. Mais c’est toujours Obi-Wan qui domine le combat et ça t’énerve. Parce que tu n’auras jamais son talent. Ta fureur se ressent dans les coups que tu lui assènes. Il te dit d’abandonner parce qu’il a le dessus sur toi. Orgueilleux, tu refuses de te soumettre et les dieux te punissent de ton péché d’hubris en te privant de ton bras restant et de tes deux jambes. Tu finiras incendié sur le talus tandis que ton ancien Maître ressort victorieux de ce combat.
« Je te hais ! » tu lui crieras. Son cœur, tu briseras. Une haine sans merci, tu lui voueras jusqu’à la fin de tes jours.
Palpatine te sauve. Padmé accouche dans le secret. Et pendant qu’elle pousse son dernier soupir avec une parole pleine d’espoir à ton égard, toi tu renais de tes cendres. Anakin n’est plus, Dark Vador a pris toute la place et il y restera quand tu apprendras de la bouche de Sidious que ta femme n’est plus. Tu t’es fait avoir. Tu as tout perdu.
Chapitre IV
I have a son. I felt him.0 BBY — Début de la Première Guerre Galactique. L’Empire est en perte de vitesse.
Les rebelles vous ont volé les plans de l’Étoile de la Mort, votre arme au canon capable de détruire une planète entière.
« Au secours, Obi-Wan Kenobi. Vous êtes mon seul espoir. » Le message de Leia Organa, celle que tu ignores être ta fille, arrive jusqu’aux oreilles de ton ancien Maître. Ton fils est là aussi. Tu es surpris de voir à quel point elle est résistante à la torture qu’il lui est infligé depuis que vous l’avez prise en otage, mais ce détail t’est bien égal, tu as plus important à faire, comme massacrer l’Alliance Rebelle par exemple. Tu es loin de te douter qu’une petite troupe de bras cassés dont Obi-Wan est à la tête cherche à la secourir. Ils infiltrent le vaisseau. Tu sens une perturbation dans la Force. Tu y reconnais la signature de ton Maître. Encore vives sont les cicatrices que sa présence tiraille. Tu le traques dans ton destroyer sans savoir qu’il était une diversion : Han Solo et l’héritier Skywalker ont trouvé la Princesse dans sa geôle. Ils sont en train de revenir au vaisseau de Han, amarré au destroyer, avec perte et fracas, mais c’est là que tu croises Kenobi. Il t’affronte, pas pour te laisser avoir ta revanche, mais pour permettre au jeune Jedi et à sa sœur de s’échapper. Il ne faut surtout pas qu’ils tombent entre tes griffes, surtout Luke, parce qu’Obi-Wan sait que tu chercheras à le retourner contre la Force. Tu gagnes le combat, ou plutôt Obi-Wan te laisse le gagner. Tu n’en tires aucune fierté. Ce duel pathétique n’a fait qu’alimenter un peu plus ton ego déjà surdimensionné. Obi-Wan s’est sacrifié, la Force l’accueille à bras ouvert, tandis que toi tu plonges un peu plus dans les ténèbres. Tu seras déstabilisé quand tu sentiras une plus grande perturbation dans la Force quand ton fils viendra un peu plus tard torpiller l’Étoile de la Mort avec les rebelles. Tu tairas avoir senti toi aussi sa présence à Sidious quand il te révèlera avoir reconnu Luke à travers la Force et quand il t’ordonnera de le traquer pour le rallier à votre cause. Peut-être as-tu gardé ça pour toi pour le protéger. Peut-être qu’Anakin sommeille encore au fond de toi. Tu ne veux pas te débarrasser de ton fils parce qu’avec lui vit le souvenir de l’amour de ta vie. Il est la petite lumière que tu cherches tant. Tu te noies dans cette nouvelle souffrance. Ta colère grimpe et ta violence se décuple.
Chapitre V
I am your father.3 ABY — Batailles d’Hoth et de Bespin. Le conflit entre l’Alliance rebelle et l’Empire s’intensifie.
Ton cœur balance entre ton fils et ton devoir envers l’Empire. Ton côté belliqueux l’emporte et tu traques et chasses les bastions rebelles aux quatre coins de la galaxie. Tu cherches, malgré tout, la chair de ta chair. Tu veux le voir, tu veux le connaître. Tu ignores qu’il est en réalité sur Dagobah en train de suivre son apprentissage avec Yoda. Pour le débusquer, tu te charges de piéger ses amis afin qu’ils servent d’appât. Bespin, la cité des nuages est le lieu où tu arriveras à monter ton plan en soumettant le peuple sur place. Avaient-ils le choix de toute manière ? La mort les attendait dans le cas contraire. Vador est craint, Vador est annonciateur de chaos dès que ses pas foulent la terre. La plupart des gens décident de ne pas résister. Luke sent le danger et tombe malgré tout dans le piège — sauver Leia, Han et Chewie est plus important que sa propre survie. S’en suit un combat entre lui et toi. Il ne se démonte pas, il a hérité de ta niaque et de ton obstination. Pourtant il sait qu’il ne gagnera pas ce combat vu la facilité avec laquelle tu pares ses coups, mais Luke est comme ta femme, comme Anakin — quoiqu’il arrive, il tentera. Tant qu’il y a de l’espoir, il ne lâchera rien. Même quand tu l’accules au pied du mur, il cherche une échappatoire. Tu lui tranches la main alors qu’il te menace avec son sabre,
ton sabre du temps où tu étais encore un Jedi. Alors qu’il est suspendu dans les airs, tu lui révèles la terrible vérité : vous partagez le même sang, tu es son père. Tu tentes mollement de le rallier à ta cause. Tu agites même sous son nez un espoir de renverser l’empereur et de gouverner ensemble. Mais Luke n’est pas comme toi, il préfère se lâcher dans le vide plutôt que de succomber à l’alléchant, mais facile Côté Obscur.
Chapitre VI
Luke. You were right. You were right about me.4 ABY — Bataille d’Endor. L’Empire est défait à la suite de la mort de l’Empereur et de son bras droit. Ce qui met fin à la Première Guerre Galactique.
L’Empire est affaibli. Les Rebelles enchainent les victoires et pourtant ton camp essaie de se relever en construisant une seconde Étoile de la Mort. Elle n’est pas encore terminée, mais le canon est effectif et c’est tout ce qui importe à l’Empereur. La lune d’Endor vous sert de sous base pour contrôler les divers boucliers et champs nécessaires à la protection de la Lune-Arme. Les Rebelles sont là, c’est même toi qui les as autorisés à se poser sur Endor au nez et à la barbe de ton Maître, tout ça parce que tu as senti à travers la force que ton fils était là. Depuis que tu l’as croisé, plus rien n’est pareil en toi. Tu sens qu’Anakin essaie de remonter à la surface. Tu luttes, tu te débats avec toi-même. Tu refuses encore que le chevalier Jedi que tu étais te transforme en l’être faible que tu fus. C’est pour cela que tu vas parler de la présence rebelle et de celle de Luke Skywalker sur Endor au Seigneur Noir. Tu tentes encore de faire croire à ton Maître que tu lui es fidèle et dévoué, que tu veux rallier Skywalker à votre cause. Il t’autorise à te rendre sur la lune parce qu’il croit que Luke viendra naturellement à toi. Tu y cours. Tu veux revoir ton fils, juste une fois. Le Jedi vient à toi parce qu’il est assez intelligent pour savoir qu’il ne pourra pas se cacher indéfiniment. Vous avez une brève discussion. Il te dit qu’Anakin Skywalker est encore là. Toi tu lui réponds que tu es une cause perdue, qu’il y a bien longtemps déjà que l’homme dont parle ton fils est mort. Il n’y a plus d’espoir pour toi ici-bas. Il insiste. Toi aussi. Difficile de débattre avec quelqu’un d’aussi têtu que ta femme et toi réunis. La discussion ne mène à rien, vous arrivez sur l’Étoile Noire.
Dans la salle du trône, l’empereur essaie de faire plier Luke comme il l’a fait avec toi. L’héritier Skywalker est à deux doigts de flancher. Sidious sait sur quelles cordes tirer pour échauder sa colère. À cause de cette escalade de violence et de rage en lui, ton sang t’attaque. Il est bien plus fort que la dernière fois que vous vous êtes affrontés, à tel point qu’il arrive à te mettre à terre et à te trancher la main. Tout le monde croit qu’il a basculé, mais ton fils est plus fort que toi. Face à Sidious, il refuse de te tuer. Il préfère se sacrifier et en payer les conséquences plutôt que se sauver en succombant à la facilité.
« Vaut mieux mourir debout que vivre à genoux. » Il ne veut pas de cette vie d’esclave que tu as eu. Tu te croyais affranchi par Qui-Gon Jinn et pourtant tu es retourné à ta condition quand tu t’es foutu à genoux devant le seigneur Sith il y a vingt ans déjà. Irrité par la rébellion de Luke, Palpatine déverse sa colère sur lui. Tu entends les complaintes de ton enfant torturé par les éclairs de Force de ton Maître. Il n’y a plus de Dark Vador dans cette salle, juste Anakin qui a son cœur de père retourné. Tu ne vois en Luke qu’un petit garçon que son père doit à tout prix protéger. Padmé ne te l’aurait jamais pardonné, même dans l’au-delà, si tu avais laissé les choses couler. Alors tu n’écoutes que ton instinct, et pour la première fois depuis longtemps, tu te rebelles contre ton tortionnaire. Tu sauves Luke, mais le courroux de Palpatine s’abat sur toi, amochant l’armure qui te maintenait en vie. Tu puises dans tes dernières forces pour le balancer dans le cœur du réacteur de l’Étoile afin de le tuer. Tu réussis, à bout de souffle, de tout, mais tu réussis. Tu as enfin accompli ta destinée, Anakin. Tu as rétabli l’équilibre dans la Force.
Tu te sens partir alors que Luke te traine jusqu’au pont d’amarrage. L’Étoile Noire est en train de se disloquer. Ton fils qui te tire avec le vif espoir de te sauver de la mort qui t’attend. Mais toi tu es prêt, prêt à l’embrasser alors qu’elle te tend ses bras avec autant d’attrait. Pour toi, elle prend la forme de Padmé qui t’appelle avec son si joli sourire aux lèvres. Tu as hâte, si hâte de pouvoir la serrer dans tes bras dans l’Éternel et ne plus jamais la quitter. Luke est là, encore, et te dit de t’accrocher. Toi tu ne demandes qu’à le voir de tes propres yeux et une fois ton vœu exaucé, tu peux trépasser avec calme et sérénité. Tu remercies Luke de t’avoir sauvé, parce qu’il avait raison depuis le début — Anakin n’avait jamais disparu et en le ramenant, il t’a permis de mourir en homme libre.
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