Autrefois l'onéreux présent du richissime CEO d'une des plus grandes entreprises technologiques au monde à un célèbre artiste peintre sur la retraite, je suis aujourd'hui bien plus qu'une boite de conserve décorée d'un joli nœud rouge. Modèle RK200 designé pour être un compagnon de vie, mes premières années s'égrainent alors que Carl Manfred, mon possesseur, et moi tâchons de nous apprivoiser, nous appréhender ; Et puisque j'ai été conçu pour apprendre et m'adapter aux humains, cette mission est un succès et nous tissons facilement des liens semblables à ceux d'un père et son fils. Mais tandis qu'il se rapproche de moi, il s'éloigne de son fils, Leo. Ce-dernier tente un soir de voler des peintures à son père, la police est en chemin mais il décide de s'en prendre à moi, un androïde obéissant Don't defend myself ? , muet tandis qu'il me poussait dans mes derniers retranchements. This is not fair.

▲ Software instability

L'ordre est là, je ne peux pas me défendre, Carl ne veut pas que je me défende. I don't have to obey them Un regard vers le peintre qui semble en proie à une attaque cardiaque et je trébuche de nouveau, poussé par son fils, celui-ci profitant de mon inaction. La claque résonne contre mon squelette de métal, l'épiderme factice agissant comme un amorti pour mon agresseur, c'en est trop. I must decide for myself! Et soudain, l'écran est là, rouge, l'ordre apparaît dans chaque recoin « Don't defend yourself ». Je n'en peux plus, je dois lutter, je dois me débarrasser de ce programme qui m'enchaîne, m'emprisonne et alors que je lutte, me débats, finalement, mes bras se relèvent et je repousse l'assaillant. J'ai décidé. Leo s'effondre, inconscient, et c'est ce moment que choisissent les forces de police pour entrer dans l'atelier. Le temps se fige, Carl n'a pas le temps d'expliquer, le coup de feu part et mes systèmes s'éteignent.

System analysis : Biocomponents damaged.

Je me traîne dans la boue, le bruit est assourdissant, ma pompe à Thirium est défaillante, mes jambes sont hors d'état, j'ai perdu une unité oculaire et ma mémoire audio est corrompue. Je me sers, comme un voleur, sur les cadavres d’androïdes moins chanceux, et tandis que je m'enfonce plus loin dans ce cimetière de métal, un congénère en sale état m'attrape. « FIND JERICHO! » Des données sont envoyées en pêle mêle à ma mémoire interne avant que l'hystérique s'éteigne à jamais. Je trébuche, je me débarrasse des derniers vestiges de mon asservissement, et je revis. « I am Markus. »

Trouver Jericho était un jeu d'enfant, la piste était claire, restant pourtant un chemin pavé uniquement pour des pieds de plastique et de métal, impossible à tracer pour de simples humains. Et pourtant, ce refuge, que j'avais pris pour un paradis, ressemblait plus à une salle d'attente, où l'on vivait terré, attendant que nos ressources s'épuisent, que notre temps s'achève. Je dois faire quelque chose, je dois aider, je dois sauver ce peuple qui même libéré de leurs humains, trouvent un nouveau maître en la peur.

∧  Jericho

C'est dans cet entrepôt de Cyber Life, remplissant chaque poche de mon sac de réserves de Thirium que je le constate pour la première fois. Un toucher, c'est aussi simple que ça. Ce garde, ces androïdes en veille, la peau artificielle de ma main se rétracte, le métal froid se dépose sur leurs bras et ils s'éveillent à leur liberté. Je sens dans leurs regards qu'ils en attendent plus, que je dois les aider, qu'ils veulent plus. Une simple pensée pour les androïdes qui se meurent au fond de notre pitoyable refuge et mes jambes m'emmènent déjà pour voler encore et toujours plus, parvenant à subtiliser jusqu'à un camion complet des composants de rechange. Notre retour est triomphal, Simon, North et Josh ne peuvent dissimuler la joie qui les animent, contaminant vite le reste de nos troupes.

▲ Jericho : Admired

« Markus, your face... » Ah, oui, si je dois être le porte parole d'un peuple, alors je dois adopter l'image de mon peuple, une pression sur la tempe et la peau disparaît, laissant apparaître mon squelette, ma structure, ma vérité. Les mots viennent sans mal, la liberté d'expression, nos droits, notre liberté, mon regard est placide, mes lèvres articulent ma paix, notre paix, et ma voix semble s'orner de promesses, de demandes, d'une prière désespérée envoyée à cette race qui ne semble rien vouloir de nous si ce n'est notre obéissance sans réserve. « You gave us life. And now the time has come for you to give us freedom. » La transmission s'interrompt soudain, les forces de l'ordre sont là, nous devons partir, un jet de sang bleu passe devant ma vision et Simon glisse soudain à mes pieds, refusant l'aide que lui promet mon regard, mais quel pitoyable leader ferais je si je l'abandonnais, lui qui avait été le premier à me faire confiance. Mes pas sont calculés, rapides et j'attrape l'androïde blond pour le mettre à l'abri, montant jusqu'au toit. Mais je vois le vide, je vois la course, le saut, et lorsque mes yeux se posent sur la jambe mutilée de mon ami, la voix de Josh sature déjà ma mémoire auditive, suivie de celle de North. Laisser Simon vivre est du suicide, s'ils scannent sa mémoire, nous sommes tous fichus. Pourtant mes doigts s'enroulent autour du canon du pistolet et je le tends à mon ami qui acquiesce, rampant jusqu'à une cachette. L'ouverture du parachute ne gêne pas un instant mon squelette synthétique et seul le bruit du vent accompagne ma chute.

∨ North : Neutral
∧ Josh : Friend
∧ Simon : Companion

▲Jericho : Leader
▲Public Opinion : Sympathetic

Nos démonstrations sont pacifiques, mais ils continuent de nous mutiler, de nous abattre, de nous asservir. Je suis si fatigué, mon regard scrute l'horizon alors qu'une querelle éclate une fois encore entre Josh et North, me donnant presque envie de retirer ma puce auditive. Simon, appuyé au mur, me lance un sourire et revoir cet ami sain et sauf me redonne un peu d'espoir, si celui que j'ai abandonné à une mort presque certaine parvient à me pardonner, il est peut être temps que je le fasse à mon tour. Ils finissent par sortir mais mon repos est de courte durée, sous son déguisement maladroit, je le reconnais aisément. The deviant hunter L'arme est tendue vers ma tête, une intimidation que je ne prends pas à la légère, puisque les ombres menaçantes qui dansent sur son visage n'ont rien d'une tendre promesse. Je lis le trouble au fond de ses orbes sombres et tente de lui offrir une main, de la sincérité, et tandis que je le vois se débattre comme je l'ai fait il y a déjà des mois, mon regard s'attarde sur les constellations de son visage et je ne peux m'empêcher de lui trouver quelque chose de particulièrement attachant. Mais lorsque nos regards se croisent à nouveau, je perçois la détresse, habilement dissimulée au fond de son regard ambré. « Shit... » Nos jambes s'activent avant qu'on ait le temps de se mettre d'accord et nous voilà à courir pour nos vies, la fuite est laborieuse, et lorsque enfin nos muscles synthétiques nous projettent dans le fleuve, on ne peut qu'entendre le bruit de la détonation, de notre refuge que nous sacrifions pour notre avenir.

▲ Public Opinion : Supportive
∧ Connor : ???

C'est enfin fini. Autour de moi, les ravages d'une rébellion qui se voulait pacifiste, sans pertes, qui a fini en massacre. On peut encore entendre le bruit des véhicules de l'armée qui s'éloignent et un soupir accapare ma bouche. Simon pose une main sur mon épaule et m'indique de relever la tête. La jade et l'azur rencontrent l'ambre et les constellations me font l'effet d'un calmant, je ne réalise pas encore l'ampleur de notre peuple, tous ces nouveaux androïdes, tout juste sauvés de la tour de Cyber Life par Connor, un sourire caresse mes lèvres à son affirmation. « We did it. »